Réussir son année de professeur stagiaire en anglais

Vous êtes professeur stagiaire cette année ? Alors, déjà toutes mes félicitations pour votre réussite à ce concours. Même si pour moi c’était il y a 23 ans maintenant, je m’en souviens comme si c’était hier. Après une dure année de travail, à préparer le CAPES d’anglais, le sésame était en poche et cette impression d’être arrivée, que tout était gagné. Alors que non, loin de là même ! Ce n’était que le début de nouvelles épreuves avec son lot de réussites, de doutes, d’échecs aussi. 

Réussir son année de stage est le nouveau volet de notre blog hop. Retrouvez tous les liens des autres articles publiés sur cette thématique à la fin.

J’ai déjà publié il y a 3 ans un article intitulé “Professeur stagiaire: mes 5 conseils pour une année réussie” :

  • Suivre les conseils du tuteur / de la tutrice et de l’ESPE (que l’on appelle maintenant l’INSPE et que j’ai connu sous le nom d’IUFM. bref.)
  • Etre organisé(e)
  • Préparer ses cours
  • Instaurer une ambiance de travail où j’avais abordé la gestion de classe, les activités motivantes et l’affichage
  • Observer

 

Je ne vais donc pas revenir sur ces points. Ici, j’ai plutôt envie de m’interroger sur ce que mon moi de maintenant me dirait si j’étais professeur stagiaire en anglais aujourd’hui. Quels conseils me donnerais-je ?

Table des matières

“Fais-toi confiance, tout va bien se passer.”

En devenant professeur stagiaire (ou “la stagiaire d’anglais”, comme on me nommait en tout début d’année – rien de péjoratif à cela), je n’avais pas nécessaire conscience de ce qui allait devenir mon leitmotiv à la fin de chaque cours (ou presque), de chaque séquence (ou presque), de chaque année (toujours) : la remise en question. Est-ce que j’ai réussi à faire passer ce que je voulais ? Les activités prévues ont-elles eu l’effet escompté ? Comment cela pourrait être amélioré ? 

Faire un bilan à la fin d’un cours ou d’une séquence est fondamental pour moi. Cela nous aide à voir déjà ce qui a bien fonctionné (et que l’on pourra réutiliser l’année suivante éventuellement), ce avec quoi on est à l’aise, mais aussi à voir ce qui n’a pas marché, ce qu’il va falloir modifier ou supprimer pour atteindre les objectifs fixés. Parfois, il suffit de pas grand-chose pour que l’activité soit plus percutante, pour que les élèves accrochent mieux.

Au début, j’avais l’impression que mes collègues maîtrisaient tout (contenu, gestion de classe, rouages du système …) et que j’étais seule à galérer. En discutant avec elles (eh oui, que des collègues femmes dans mon établissement à l’époque), j’ai vite compris que non : certes on est mieux armé pour faire face à certaines situations (je pense notamment au chahut, aux bavardages, à l’insolence) mais cela nous afflige tout autant et nous laisse parfois tout aussi démuni.

“Fais-toi confiance, tout va bien se passer” : parce que oui, à la fin on finit par comprendre, à avoir nos repères, à mieux gérer les cas qui se présentent.

Professeur stagiaire: "crois en toi", fais-toi confiance

“Ce qui marche pour ton tuteur ne marchera pas nécessairement pour toi.”

Ce serait trop beau s’il y avait des recettes universelles, des choses que l’on pouvait plaquer telle quelle et hop, baguette magique, ça marche. Oui, certaines choses sont reproductibles mais pas toutes. Il y a ce qui nous correspond à nous, à notre personnalité, à notre façon de faire. 

Je me souviens que lorsque les bavardages commençaient dans sa classe, ma tutrice haussait la voix et ça passait. Moi, toute professeur stagiaire que j’étais, j’avais beau hausser, forcer, rien à faire. Par contre, le silence, les regarder fixement semblait les toucher plus. Bingo, j’avais ma recette… avec cette classe ! Parce que vous le savez maintenant avec votre expérience, chaque classe réagit différemment aux mêmes trucs et astuces. 

Il en est de même pour les scénarios de cours. On observe quelque chose, on voit que ça marche du tonnerre et on refait dans notre classe. Boum, flop complet. C’est comme ça. 

“Ton tuteur n’a pas toutes les réponses.”

Le tuteur, c’est le modèle que l’on cherche à atteindre, notre personne référente dans l’établissement dès que l’on se pose des questions pédagogiques mais aussi pratiques. Dans la lignée de que j’évoquais précédemment avec le “pas de recette universelle”, le tuteur pourra difficilement dire “fais ceci, fais cela” mais davantage donner des pistes. C’est à nous ensuite de faire notre cheminement, pendant cette année de stage, l’année de néo-titulaire mais les années qui suivent. 

Cela m’amène au point de vue inverse, celui du tuteur du professeur stagiaire en anglais. Je l’ai été à 3 reprises et à 2 reprises, ça a été éprouvant. Car oui, on est le référent mais “on n’a pas toutes les réponses” et parfois, de voir notre collègue souffrir nous fait mal car on est tout simplement démuni. On ne sait que lui conseiller pour inverser la vapeur, lui permettre de traverser certaines épreuves.

On se donne à fond pour la réussite de “notre professeur stagiaire”: les appels le soir, les mails pendant le week-end, les sessions de travail ensemble à la maison pendant les vacances. On stresse tout autant lorsque la visite ou l’inspection arrive. Quelle année mais quelle joie quand à la fin la titularisation arrive et que l’on voit ensuite son/sa collègue voler de ses propres ailes vers de nouvelles aventures et de nouveaux challenges.

“Préserve-toi, ne culpabilise pas.”

Professeur stagiaire: savoir se préserver

Que le rythme de l’année de stage est rude, que l’on soit d’ailleurs professeur stagiaire 9h ou 18h. A l’époque, j’étais professeur stagiaire 6h et j’avais l’impression qu’avec mes 2 classes j’étais sous la vague, alors 9h ou 18h !

J’ai toujours eu du mal, d’ailleurs, avec ce statut “professeur stagiaire 18h” où, sous prétexte que l’on a (ou que l’on est censé avoir) de l’expérience, on n’a pas droit aux formations dispensées à l’INSPE. On entend beaucoup de critiques sur ces formations mais elles ont au moins le mérite d’être là, sont assurées par des enseignants de qualité et quand on ne peut les suivre, cela manque. 

Revenons à nos moutons: cette année est rude , le rythme est effrayant. Il y a tellement de choses à découvrir et l’on voudrait déjà les maîtriser. Guess what ? C’est impossible. 

“Préserve-toi et ne culpabilise pas”. C’est tout à fait louable de vouloir bien faire, de se donner à fond sauf que parfois, à force de tourner en rond avec sa séquence, on n’y voit plus très clair et on entre dans une spirale qui n’est pas bonne, qui nous fait nous angoisser. J’ai vu des collègues s’épuiser, passer des nuits à préparer des séquences, des séances et arriver le lendemain matin devant les élèves en étant tout simplement épuisés.  

Au pire, si la séance que l’on vient de faire ou que l’on va faire devant les élèves n’est pas parfaite, ce n’est pas dramatique, ce n’est pas la fin du monde. On rebondit, on repart de plus belle et surtout on savoure toutes les petites et belles victoires que nous apporte le métier d’enseignant: cet élève qui vient nous voir à la fin du cours et nous dit qu’il a compris; cette autre élève qui n’y arrivait pas et qui éclate de joie en voyant les compétences validées mais aussi les sourires qu’ils nous adressent (l’ado à la base, n’est pas ultra démonstratif, vous l’avez remarqué, alors on savoure, on savoure !). Ce sont justement toutes ces petites victoires qui aident à innover toujours plus.

“Garde un oeil sur Anthony !”

J’avais cet élève de 4e, Anthony, très sympathique au demeurant mais qui dès que j’avais le dos tourné pour écrire au tableau faisait le pitre pour faire rire ses camarades. [Il savait que j’étais professeur stagiaire (ça se sait toujours à un moment ou un autre) et me testait]. Et moi, tellement concentrée sur le contenu de mon cours, de ma trace écrite, je ne voyais rien. Qu’il est difficile d’être sur tous les fronts à la fois mais heureusement, au fil des semaines, des mois, des années, on y arrive.

Des “Anthony”, on en a tous dans nos classes, un ou deux. Une astuce: les placer à des endroits stratégiques où, lorsque l’on est en train d’écrire au tableau on peut les voir du coin de l’œil, dans le flou de notre champ de vision. Parfois ça marche, parfois non… 

“Participe à la vie de l’établissement.”

On est parfois tellement focalisé sur “faire ses cours, suivre les formations, faire son mémoire” que l’on oublie ce qui gravite autour: les collègues, pas seulement d’anglais mais aussi des autres disciplines. 

 

Le premier lieu de vie est la salle des profs. Ne pas passer à côté, résister à la tentation de passer sa récréation dans sa salle de classe à ajuster les derniers détails. Il faut souffler et cette pause est la bienvenue.  

professeur stagiaire: s'impliquer dans la vie de l'établissement

Ça permet de discuter avec les collègues : certes, les discussions peuvent parfois tourner autour d’Anthony et du dernier truc qu’il a pu faire en classe. En soi, ça fait du bien de voir que d’autres collègues “expérimentés” sont confrontés eux-aussi à des difficultés. 

 

S’il y a une Amicale dans l’établissement, n’hésitez pas à la rejoindre et à participer aux activités proposées. Je me souviens lors de mon année de stage, on se retrouvait avec un petit groupe de collègues 1 fois par semaine au gymnase du collège pour faire un entraînement de volley. Quelle bouffée d’oxygène que de pouvoir les rejoindre !

Et vous, qu’auriez-vous envie de dire à votre moi d’avant, lorsque vous étiez professeur stagiaire ? N’hésitez pas à partager en commentaire !

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